Aimer son prochain comme soi-même
(19:18) : “…Tu aimeras ton prochain comme toi-même…” Bien que largement diffusée dans d’autres cercles spirituels, c’est la Torah qui détient le Copyright de cette célèbre formule.
A première vue, ça paraît difficile, voire impossible, d’autant plus que même les étrangers sont inclus dans la formule. Peut-on vraiment aimer n’importe quel prochain comme soi-même ?
Cette difficulté est renforcée par un enseignement du Talmud (Baba Metsia 62a) qui semble contradictoire : “Ta vie passe avant celle de ton prochain” : dans une situation où l’on ne peut que soit se sauver soi-même, soit sauver son prochain (par exemple être dans le désert et posséder une quantité d’eau ne permettant qu’à une seule personne de survivre), on doit donner la priorité à soi-même.
Nos Sages vont donner un sens un peu différent au verset à partir d’une anomalie : si on scrute le texte hébraïque, il n’est pas écrit : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, mais : “Tu aimeras vers ton prochain, comme toi-même” (en hébreu, “Léréa’ha” et non pas “Ete Réa’ha”.)
Rambam explique qu’à moins d’être un saint, il est impossible d’aimer véritablement quelqu’un comme soi-même. Selon lui le véritable sens de cette formule est qu’il faut orienter ses pensées positives vers son prochain et lui souhaiter tout ce que l’on se souhaite à soi-même (et pas moins !) : santé, réussite, bonheur, etc. Pour cela, il faut avoir réussi à maîtriser le sentiment naturel de jalousie qu’on éprouve envers ceux qui ont plus que nous, et garder un regard positif sur sa vie et sur les autres.
Une histoire
David est en promenade dans le désert de Judée avec un ami. Soudain, ils voient se diriger vers eux à grande vitesse un lion dont l’aspect famélique ne laisse aucun doute sur son appétit.
David ouvre son sac, en sort une paire de chaussures de course, les chausse, et se prépare à détaler.
Son ami panique : “Mais enfin David, tu crois vraiment que tu peux courir plus vite qu’un lion ?! Il va nous dévorer !!!! ”
Et David, répond calmement avant de partir en petites foulées : “Je n’ai pas besoin de courir plus vite que le lion, il faut juste que je cours plus vite que toi. ”
Chabbat Chalom
Il n’y a qu’une personne qui s’est souciée de la vie de son prochain avant de s’inquiéter pour la sienne : c’est notre patriarche Abraham.
Le midrach raconte qu’au moment de l’épisode de Sodome, Abraham a commencé son marchandage avec D. pour sauver les habitants, par ces mots :
« Maître du monde , je ne suis que poussière et cendre……… »
C’est-à-dire que je sais que je suis mortel et que ma fin est proche mais je ne demande rien pour moi et j’interviens pour sauver mes prochains.
E. Levinas appelait cela la sainteté.
Shabbat Chalom