Une coupable intention
La Paracha traite des lois des sacrifices. Ceux qui étaient consommés devaient l’être dans un certain délai (un ou deux jours selon le type). Si ce délai était dépassé, le fautif subissait la peine de « Karet » – le « retranchement spirituel » – une peine très grave. Plusieurs versets mettent en garde contre cette faute, mais l’exégèse de l’un d’entre eux (7:18) est surprenante.
Selon Rachi – se rapportant au Talmud Zeva’him qui développe longuement ce sujet – le prêtre qui sacrifiait l’animal était puni si son intention, au moment du sacrifice, était de la consommer hors du délai prescrit, même si, en fin de compte, il la consommait dans ce délai ! L’animal était alors déclaré « Pigoul. »
Cette interprétation est singulière car la seule intention de commettre une faute n’est pas punie, à quelques exceptions près comme l’idolâtrie ou les pensées immorales, qui rendent l’esprit imperméable à une perception correcte de la Torah.
De plus, Le Talmud (Rosh Hashana 28-29) débat si l’intention est nécessaire à la validité d’une Mitsva, ou si seul l’acte compte : si j’ai perdu une pièce de monnaie qui sera trouvée par un nécessiteux, ai-je accompli la Mitsva de Tsedaka ? Bien qu’il soit préférable d’avoir la bonne intention, les avis sont partagés.
Pourquoi alors les sacrifices demandaient-ils une telle pureté de pensée ? Selon le Rav Shmuel Rabinovitch, rabbin du Kotel, la réponse se trouve dans les nombreuses critiques des sacrifices par de nos prophètes. Par exemple (I Samuel 15:22) : « …Des holocaustes, des sacrifices ont-ils autant de prix aux yeux de l’Eternel que l’obéissance à la voix divine ? Ah ! L’obéissance vaut mieux qu’un sacrifice, et la soumission que la graisse des béliers ! » Des mots qui sanctionnaient une société où régnaient l’injustice, la corruption et la cruauté, et où le rituel des sacrifices ne reflétait plus les valeurs du judaïsme : justice, charité, discrétion. La pureté de la pensée lors de ces offrandes était donc indispensable pour que le Temple reste le phare qui projette ces valeurs.
De nos jours, les sacrifices ont été remplacés par les prières quotidiennes qui, elles aussi, exigent notre concentration et nos bonnes intentions.
Une histoire
Le petit David est insupportable, et sa mère l’a envoyé se calmer dans sa chambre. Après un moment, il revient, tout doucereux, vers sa mère et lui dit qu’il a réfléchi et qu’il a prié.
Sa mère : « J’espère que tu as demandé à D.ieu de mieux te comporter, je suis sûr qu’Il t’aidera »
« Non ! Je Lui ai demandé de t’aider à me supporter ! »
Chabbat Chalom