Le mot du Rabbin : Paracha Vayikra

L’expiation des fautes du roi

Une des fonctions des sacrifices était l’expiation de certaines fautes. La Paracha (ch. 4) distingue quatre types de sacrifices qui permettaient d’expier des décisions erronées ou des fautes involontaires, dont la nature dépendait de celui qui les avait commises : (i) le Cohen Gadol ; (ii) le Sanhedrin ; (iii) le roi ; (iv) le commun des mortels.

Nos Sages notent une différence de syntaxe entre le verset concernant le roi et les trois autres ; ces derniers (4:3; 13:27)  commencent par : « SI le Cohen Gadol/ le Sanhedrin/… commet une faute…. » Dans le cas du roi, le verset (4:22) commence par : « QUAND le roi commet une faute…. »

La différence est de taille : contrairement aux fautes hypothétiques du Cohen Gadol, du Sanhedrin, etc., la faute du roi est certaine ; ce n’est qu’une question de temps. Nos commentateurs, rapportés par Rav Sacks zt’l, expliquent :

Selon le Sforno, celui qui accumule richesse et pouvoir finira par perdre son sens moral, suivant la maxime bien connue : « le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. » 

Selon Rav Elie Munk, citant le Zohar, le Cohen Gadol et le Sanhedrin étaient constamment confrontés à la sainteté du Temple. Le roi, préoccupé par la politique et l’administration, ne bénéficiait pas de cette atmosphère de sainteté et était donc plus enclin à fauter.

Selon le Meche’h ‘Ho’hma, le roi devait être populaire, et certaines de ses décisions pouvaient être dictées par les desiderata du peuple, pas toujours conformes à ce qui aurait été la bonne voie.

Enfin, selon Rav Sacks, un roi doit souvent trancher des sujets complexes où l’erreur guette à chaque pas. Ainsi de la décision du roi Rehoboam (I Roi ch. 12), successeur de Salomon, d’imposer au peuple, déjà écrasé de taxes, une augmentation d’impôts. Cette décision suscita une rébellion qui conduisit à une des plus grandes catastrophes nationales de notre histoire : la scission en deux du royaume d’Israël.

Rav Sacks rajoute que la Torah est intemporelle, et toute personne titulaire d’une position de pouvoir est confrontée aux mêmes difficultés.

Une histoire

Avant une élection cruciale, le Premier Ministre discute des derniers arbitrages budgétaires avec le Ministre des Finances qui lui explique qu’il reste 100 millions de dollars à affecter.

Il tranche sans hésiter : « 99 millions pour la rénovation des prisons et 1 million pour les crèches. »

Alors que le ministre des Finances commence à protester, le Premier Ministre lui coupe la parole : « Si on perd les élections, tu crois que c’est en crèche qu’on va nous envoyer ! »

Chabbat Chalom