Le mot du Rabbin : Paracha Béchala’h

Le perfectionnisme

Après que l’armée égyptienne ait été anéantie dans la Mer Rouge, les Hébreux chantent un hymne à la gloire de D.ieu. Parmi les louanges qu’ils expriment (15:2) : « …C’est mon D.ieu et je Le glorifierai… »

Comme l’explique Rachi, l’expression « je Le glorifierai » (Véanevéou en hébreu) peut aussi se traduire « Je L’embellirai » (de la racine Noï – beauté en Hébreu).

Selon le Talmud (Chabbat 133b) qui fait l’exégèse de ce verset, on « embellit » D.ieu en pratiquant les Mitsvot de la plus belle manière possible, avec le plus grand soin et avec perfection, c’est-à-dire en s’efforçant d’avoir une belle Soukka, un beau Loulav, un beau Chofar, des beaux Tsitsit, un beau Sefer Torah, etc. ; et cela tant au plan esthétique qu’au plan de la Hala’ha, c’est-à-dire par exemple, s’assurer de la qualité de l’écriture de ses Tefilin et de ses Mezouzot. Le Choul’han Harou’h (le code de loi juif) rapporte à d’innombrables reprises qu’il est bon d’être perfectionniste dans l’accomplissement des Mitsvot.

Bien entendu, comme dans toute chose, le perfectionnisme doit avoir ses limites et ne pas tourner à la névrose. Il faut savoir garder son bon sens et les justes proportions. Nul besoin d’un microscope pour s’assurer qu’une salade ne contient pas d’insectes, ni de démonter tous ses appareils ménagers avant Pessah pour vérifier qu’ils ne contiennent pas de ‘Hametz, au risque d’arriver épuisé au Seder et être incapable d’accomplir correctement une des Mitsvot les plus importantes de cette soirée : le récit de la sortie d’Egypte.

Le perfectionnisme ne doit pas porter atteinte à la « Sim’hat Haïm », la joie de vivre. Pratiquer les Mitsvot avec joie est une condition fondamentale à l’harmonie du foyer et à la transmission des valeurs. Même si, après avoir fait de notre mieux, le résultat laisse à désirer, il n’est pas question de culpabiliser et de se laisser aller à la dépression, mais juste comprendre que nous ne pouvons pas tout contrôler.

Une histoire

Un vieux monsieur, connu dans le quartier pour être un client difficile rentre dans la boutique d’un petit marchand fruits et légumes.

« Il me faudrait 2 kg de pommes, et je vous prie de les emballer chacune séparément. » La vendeuse prend une quinzaine de petits sacs en papier et s’exécute.

« Et aussi 2kg de mandarines, également emballés séparément. » Alors que la vendeuse, en maugréant, s’attelle à emballer les mandarines une par une, le client se rapproche des raisins.

Avant qu’il ait pu dire un mot, la vendeuse s’exclame : « Ceux-là ne sont pas à vendre ! »

Chabbat Chalom