Le mot du Rabbin : Paracha Vayéra

Lait et viande ?

Abraham sert ses visiteurs (18:8) : « Il prit de la crème et du lait, puis le veau qu’il avait fait, et les plaça devant eux… »

Pourtant mélanger le lait et la viande est interdit par la Torah, et, selon le Talmud (Yoma 28b), Abraham pratiquait la Torah dans ses moindres détails avant même qu’elle ne fût donnée au Mont Sinaï. Il était d’un niveau spirituel tellement élevé qu’il en avait découvert les lois en observant le monde ; comme un ingénieur qui, en regardant une machine complexe, peut en dessiner le plan.

Comment Abraham a-t-il pu leur offrir un tel repas ? Nos Sages donnent différentes réponses :

1. Le verset mentionnant d’abord le lait, puis la viande, on devine que les plats ont été servis dans cet ordre, ce qui est permis si on se rince la bouche entre les deux. Certains, en lisant la Torah en public, marquent une courte pause entre les mots « lait » et « viande » pour bien montrer qu’ils ont été mangés séparément.

2. Le verset utilise l’expression « le veau qu’il avait fait » : on peut comprendre qu’Abraham avait « créé » ce veau, qui n’avait donc pas le statut légal de viande ! Selon le Talmud (Sanhedrin 65b), nos Sages créaient parfois des veaux destinés à leurs repas de Shabbat.

3. Abraham avait compris que ses visiteurs étaient des anges, et leur a fait volontairement mélanger lait et viande ! Pourquoi ? Par solidarité anticipée avec Moïse et le peuple juif. Selon le Midrach, lorsque D.ieu voulut donner la Torah à Moïse au Mont Sinaï, les anges s’y opposèrent, arguant que les hommes ne la respecteraient pas. D.ieu donna alors à Moïse les traits d’Abraham, qui se fit un plaisir de leur rappeler qu’eux-mêmes n’avaient pas respecté une loi aussi simple que la séparation du lait et de la viande !