Le mot du Rabbin : Paracha Lekh-Lekha

Ne changez pas d’hôtel !

Après un séjour mouvementé en Egypte, Abraham remonte en terre de Canaan : (13:3) : « Il repassa par ses pérégrinations… jusqu’à l’endroit où avait été sa tente la première fois… »

Rachi sur place explique que l’on déduit de la syntaxe du verset, qu’Abraham logea au retour, dans les mêmes auberges où il avait résidé lorsqu’il descendit en Egypte. De même, une personne ne doit pas changer de logement lors de ses déplacements, de peur de porter discrédit à son hôte, ou de paraître comme un client difficile.

Toujours selon Rachi, Abraham était ruiné quand il descendit en Egypte (le Midrach dit qu’il avait distribué tous ses biens pour nourrir le peuple en Canaan). Il se contenta donc d’auberges modestes et fut même parfois incapable de payer. C’est d’ailleurs pour rembourser ses dettes qu’il accepta les cadeaux de Pharaon (12:16), alors que, plus tard, après la guerre des rois, il refusera les richesses offertes par le roi de Sodome (14:23).

Au retour d’Egypte, c’était un homme très riche qui aurait pu se payer les meilleurs hôtels ; malgré cela, il séjourna dans les mêmes auberges qu’à l’aller : il tenait à montrer sa reconnaissance à ceux qui l’avaient accueilli et qui lui avaient fait confiance. il en profita pour rembourser ses dettes.

Quand la fortune nous sourit, n’oublions pas les personnes qui nous ont aidés dans des moments difficiles.

Une histoire

Un juif de passage dans une petite ville voulut y passer Chabbat, et s’adressa à la communauté juive locale. Notre homme, très démuni, voyageait à pied et personne n’avait envie de recevoir un tel invité. Finalement, un couple presque aussi démuni que lui l’accueillit, et ils passèrent un Chabbat modeste, mais harmonieux.

Quelques années plus tard, la roue de la fortune tourna, et notre voyageur s’enrichit considérablement. Ses affaires le conduisirent dans la même ville une veille de Chabbat, mais, cette fois-ci, il roulait en carrosse. Un notable de la communauté se précipita pour lui offrir l’hospitalité.

Avant Chabbat, le cocher se présenta chez ce notable, et lui confia le carrosse et les chevaux. Notre voyageur, lui, alla passer Chabbat chez le couple qui l’avait accueilli quelques années auparavant.

Lorsque le notable lui demanda des explications, il lui répondit : « Lors de mon dernier passage, il était clair que vous ne vouliez pas de ma compagnie ; aujourd’hui, il semblerait que mon carrosse et mes chevaux vous ont fait changer d’avis ; vu l’intérêt que vous leur portez, je les ai envoyés passer Chabbat chez vous. »