Bien orienter sa générosité
La Paracha commence par un compte-rendu des dons offerts pour la construction du Tabernacle.
En quittant l’Egypte, les Hébreux avaient « vidé » le pays de ses richesses (12:36), et ils donnèrent à hauteur de leurs moyens : de l’or, de l’argent, du cuivre, des tissus, des peaux, du bois précieux, de l’huile, des parfums et de l’encens, des pierres précieuses… Ils firent preuve d’une telle générosité que les besoins furent vite satisfaits, et Moïse lança un appel à l’arrêt des dons (35:5-6).
Rav Jonathan Sacks z’l ancien Grand Rabbin d’Angleterre (décédé il y a 1 an du covid-19) fait remarquer que les Hébreux donnèrent généreusement à une autre occasion (32:1-4). Lorsqu’Aaron, pressé par le peuple pour construire une idole, leur demanda leurs bijoux pour les fondre, il récupéra très vite assez d’or pour confectionner un veau.
Que ce soit pour construire le Tabernacle, une extraordinaire Mitsva, ou le veau d’or, un terrible péché, les Hébreux firent preuve d’une grande générosité, qui est restée inscrite dans notre ADN spirituel : selon le Talmud (Yebamot 79a), le peuple d’Israël a trois caractéristiques : la miséricorde, la pudeur et la générosité. Le Rambam (Lois sur les dons aux pauvres 10:2) va jusqu’à douter du lignage d’un juif qui ne montre aucune compassion envers les défavorisés.
D’après Rav Sacks, les dons charitables des juifs sont, en proportion, bien supérieurs à ceux de leurs voisins non-juifs. Toute la sagesse consiste à bien choisir les causes dignes d’intérêt.
Une histoire vraie
Rabbi Issa’har Frand raconte qu’un israélien s’était rendu aux USA pour recueillir les fonds nécessaires au mariage d’une fille provenant d’un milieu défavorisé. Après une tournée fructueuse en Floride, il est arrêté sur l’autoroute pour excès de vitesse, et déféré devant un juge qui le condamne à $175 d’amende.
Il sort une grosse liasse de sa sacoche, et remet l’amende au juge. Ce dernier devient suspicieux ; cette autoroute est fréquentée par les trafiquants de drogue, et cet israélien est louche : « D’où vient cet argent ? »
« Je fais le tour des communautés juives afin de collecter des fonds pour le mariage d’une fille dans le besoin.»
« Et vous voulez que je croie cette fable !!! Vous allez solliciter des inconnus et vous récupérez une sacoche pleine de cash !!! »
« Ce ne sont pas des inconnus, ce sont des coreligionnaires. »
Le juge incrédule, garde notre homme sous les verrous jusqu’à ce que ce dernier appelle ses contacts qui réunissent les déclarations des donateurs prouvant sa bonne foi.
Le policier qui l’a arrêté, toujours sceptique, demande à parler à un rabbin ; à l’issue de la conversation, il raccroche, pensif : « je pense que je suis né dans la mauvaise religion. »