La paracha commence par l’ordre donné aux enfants d’israel de construire un Tabernacle. Mais comment le D.ieu d’Israël, qui se présente comme le Créateur de toute chose peut-il solliciter d’Israël la construction d’un habitacle destiné à recevoir sa présence ?
La réponse nous est fournie par la Torah, qui place le précepte de la construction du Tabernacle avant la faute du Veau d’or, alors que cette dernière lui est antérieure. La Torah a l’habitude de proposer le remède avant que ne surgisse la maladie. Elle justifie cette entorse chronologique en disant que le Tabernacle, le Michkane en hébreu, est une conséquence de la faute du Veau d’or : il est destiné à pallier la difficulté qu’avaient les Hébreux à concevoir de façon abstraite la divinité. Il leur fallait concrétiser la présence divine parmi eux ; ils avaient besoin de visualiser l’endroit de son habitation. Difficulté compréhensive, sinon tolérable, pour cette génération sur laquelle pesaient deux siècles d’oppression et d’influence profonde de la civilisation idolâtre des Egyptiens.
Ce besoin de « voir » la divinité est un besoin inhérent à la condition humaine ; notre enveloppe corporelle limite obligatoirement le pouvoir d’abstraction de notre esprit ; notre nature exige une représentation de toute chose.
Ainsi la Mitsva du Michkane obéit-elle à cet objectif de proximité divine ; chaque individu est appelé à apporter sa contribution volontaire afin que le Michkane soit celui de l’ensemble d’Israël, dont seule l’unité est à même de constituer le réceptacle de l’unité divine. La conception du Michkane veut d’ailleurs qu’il soit non seulement l’œuvre de tout Israël, mais qu’il reflète, en miniature, la structure de l’univers et son unité, de telle sorte qu’il soit, lui aussi, digne de l’unité divine.