La belle captive
La Paracha présente la loi de la “belle captive” (21:10-14) : lorsqu’un soldat victorieux voit une captive qui lui plaît, il peut l’emmener chez lui. Là, on lui rase la tête, on lui fait porter des vêtements de deuil, et on laisse pousser ses ongles ; et pendant un mois, elle doit rester assise et pleurer la perte de sa famille. A l’issue de ce processus, le soldat pourra la convertir et l’épouser.
Cette loi interpelle les commentateurs. A l’époque biblique, les soldats hébreux étaient choisis parmi les plus justes du peuple. Selon un avis du Talmud (Sotah 44b), un soldat qui avait commis une transgression mineure était dispensé de combat. Comment comprendre que des hommes d’un tel niveau spirituel puissent succomber à la séduction d’une captive étrangère au point de déclencher un long processus qui leur permettrait de les convertir puis de les épouser, en général à côté de leur épouse actuelle ?
Selon le Ohr Ha’haïm, c’est effectivement inconcevable, et, se basant sur plusieurs détails du texte, il explique que leur motivation était tout autre, et justement à la hauteur de leur statut spirituel.
Selon le Zohar, à la suite du péché originel, de nombreuses âmes destinées à appartenir au peuple juif furent capturées par “le côté obscur”- concept kabbalistique du mal. Ces âmes étaient celles des converti(e)s qui rejoindraient le peuple juif au fil des générations. Le soldat attiré par une “belle captive” était d’un tel niveau spirituel qu’il pouvait déceler les âmes juives égarées – les “belles âmes captives”. Une fois l’une d’elle identifiée, il l’emmenait chez lui pour la convertir. Pour cela, la captive devait s’enlaidir pendant un mois ; si le soldat consentait toujours à la convertir et à l’épouser, c’est qu’il n’était pas principalement attiré par sa beauté, mais par l’étincelle juive qu’il avait identifiée.
Une histoire
David veut épouser une non-juive, mais son père le met en garde : “elle ne te causera que des problèmes ! ”
David insiste : “Elle est très intéressée par le judaïsme et veut se convertir.”
“Je te répète que tu vas au-devant de graves problèmes.”
Quelque temps après le mariage, David, qui travaille avec son père, ne se présente pas au bureau.
A son père qui demande des explications, David répond : “Mais c’était samedi ; ma femme est devenue très religieuse, et m’interdit désormais de travailler Chabbat. ”
Et le père, en soupirant : “Tu vois, je t’avais bien dit qu’épouser une non-juive ne te causera que des problèmes !”
Chabbat Chalom