La puissance de la parole
La Torah insiste sur l’importance de respecter sa parole (30:3) : “…tout ce qu’un homme sort de sa bouche, il fera” (30:3).
Selon le ‘Hida, dans certains cas, le sujet de “Il fera” est D. : si quelqu’un est attentif à son langage et utilise sa bouche essentiellement pour prier et étudier, alors D. répondra à ses prières (“ce qui sort de sa bouche”). C’est pour cela que tant de personnes sollicitent les bénédictions de rabbins connus pour leur sainteté.
R. ‘Haïm Vital va plus loin. En Hébreu, “il fera” se dit “YaHaSé” ; comme la Torah n’est pas ponctuée, ce mot peut se lire “YéHaSé” qui signifie :”sera fait”. Le verset se lit alors : “…tout ce qu’un homme sort de sa bouche sera fait”, i.e. le simple fait de prononcer une parole peut créer la réalité correspondante, indépendamment même de la volonté du locuteur.
Les exemples abondent dans la Torah et dans le Talmud. Le plus célèbre est probablement celui de Jacob : lorsque Lavan lui reprocha d’avoir volé ses idoles, il maudit le coupable sans savoir qu’il s’agissait de Rachel, son épouse adorée (Genèse 31:30-32). Elle ne survécut pas à l’accouchement de Benjamin, effet bien involontaire de la malédiction de son mari.
Le Talmud nous met ainsi en garde dans plusieurs passages de ne jamais “laisser une ouverture au Satan”, C’est-à-dire porter de jugement négatif sur soi-même, ou déclarer que l’on mérite une punition, car ces mots peuvent créer une réalité.
La parole a été donnée à l’homme lorsque D. lui a insufflé une âme, parcelle de divinité (Onkelos sur Genèse 2:7). La parole est donc l’expression de l’âme et tire sa puissance de cette relation.
Combien devons-nous donc être prudent, et éviter tout usage négatif de la parole. En cas de doute, il est préférable de garder le silence, ce qui peut en outre contribuer à une longue vie. Un rabbin me disait en effet qu’un homme reçoit à la naissance un certain nombre de mots ; une fois qu’il les a tous prononcés, sa vie arrive à son terme !
Une histoire
Quelques amis jouent au poker lorsque l’un d’entre eux perd 10.000 dollars sur un seul coup. En sueur, il chancelle, porte ses mains à la poitrine, et s’écroule raide mort.
Ses amis sont choqués et se demandent comment annoncer ça à sa femme.
David se porte volontaire, il appelle sa femme : “Votre mari vient de perdre 10.000 dollars au poker, il a peur de vous parler mais vous demande de ne plus rien dépenser.”
Et la femme : “Quoi !? Que le diable l’emporte et que je n’entende plus parler de lui !”