Une occasion manquée
Les Hébreux sont dans leur 40ème et dernière année dans le désert, et ils s’apprêtent à rentrer en terre de Canaan. Le chemin le plus court passe par le royaume d’Edom au Sud, le territoire où s’est installé Esaü après s’être séparé de Jacob. Moïse envoie un messager au roi d’Edom pour lui demander la permission de passer sur son territoire. Il lui promet de rester sur la route principale, de ne causer aucun dommage et même de payer pour l’eau qu’ils auront peut-être besoin de consommer (20:14-19).
Moïse essuie un refus franc et massif (20:20-21), mais comme D.ieu lui a ordonné d’éviter tout conflit avec Edom (Deutéronome 2:2-8), les Hébreux n’engagent pas le combat, contrairement à ce qu’ils feront plus tard en écrasant Si’hon et Og, les puissants rois qui contrôlent l’Est du Jourdain et qui viendront s’opposer à leur progression. Ils contournent Edom vers l’Est, puis remontent vers le Nord pour arriver sur la rive Est du Jourdain, face à Jéricho.
Une occasion historique de réconciliation entre Jacob et Esaü a été ici manquée. En laissant les Hébreux traverser leur territoire – établissant ainsi de facto une paix entre eux – Edom aurait eu l’opportunité historique de conclure avec Israël “les accords d’Isaac”: la réconciliation entre les deux fils d’Isaac, jusque-là frères ennemis malgré une brève rencontre sans lendemain lors du retour de Jacob chez son père après avoir quitté Lavan (Genèse ch. 33). Néanmoins, en nous interdisant tout conflit avec Edom, D.ieu nous a évité de “couper les ponts”, et a ainsi préparé les conditions d’une future réconciliation avec leurs descendants : la chrétienté et le monde occidental – dont le code moral descend directement de la tradition hébraïque ; une réconciliation qui se fera très progressivement le long des siècles.
Une histoire
Dans les années 60, peu après la clôture du concile Vatican II qui marqua une nette amélioration des relations entre l’Eglise et les juifs, un bon chrétien va voir le curé de sa paroisse :
“Pardonnez-moi mon Père, parce que j’ai péché. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, j’ai caché un juif très riche dans mon grenier.”
“Mais ce n’est pas un péché, mon fils, bien au contraire”, répond le curé interloqué.
“Oui, mais je lui ai demandé une pièce d’or pour chaque mois qu’il passait.”
“Bon, effectivement, ce n’est pas bien, mais vous lui avez sauvé la vie, donc ce n’est pas trop grave.”
“Oui, mais je ne lui ai pas encore dit que la guerre était finie…”
Chabbat Chalom