Le mot du Rabbin : Paracha Bamidbar

Compter les têtes

La majorité de la Paracha est consacrée à des dénombrements : les membres des tribus, les Levy, les premiers-nés, etc. Rachi (1:1) explique que D. compte son peuple à chaque occasion importante pour montrer combien Il l’aime.

Pourtant, le Talmud voit d’un mauvais œil que de compter directement les personnes (Yoma 22b). Pour recenser les Hébreux, chacun donnait une pièce d’un demi Shekel et on comptait le nombre total de pièces (Chemot 30:11-15). De même, si on veut s’assurer de la présence d’un Minyan, par exemple, on comptera les Kippot, mais pas les individus.

Nos Sages donnent plusieurs raisons à cette interdiction :

1. Réduire une personne à un numéro le dépouille de son individualité. Les Nazis, qui réduisaient chaque prisonnier à un matricule, l’avaient bien compris.

2. Le groupe a une puissance particulière. Par exemple, dans les bénédictions adressées à Israël, la Torah nous dit (Vayikra 26:8) : “cinq d’entre vous poursuivront cent ennemis (soit un rapport de 1/20), et cent d’entre vous en poursuivront dix mille (soir un rapport de 1/100)” : plus le groupe est nombreux, plus la synergie entre ses membres est forte. C’est pour cela que toutes nos prières sont au pluriel et qu’il est bon, dans les occasions solennelles comme Yom Kippour, de prier avec de grandes assemblées. Un groupe peut être comparé à un puzzle bien arrangé qu’on “défait” quand on compte ses pièces.

3. Selon le Talmud (Taanit 8b), la bénédiction ne réside pas dans ce qui a été pesé, mesuré ou compté, car D.ieu préfère donner ses cadeaux en secret.

Une histoire

A l’issue d’un examen, on annonce que les stylos doivent être posés. Un étudiant continue fébrilement à écrire. Le surveillant le prévient que s’il n’arrête pas immédiatement, il sera disqualifié.

L’étudiant continue à écrire, et, au bout de cinq minutes, remet sa copie. Le surveillant, occupé à ranger le tas de copies qu’il a recueillies sur son bureau, la refuse.

L’étudiant s’exclame alors : “Comment osez-vous ? Savez-vous qui je suis ?”

“Je n’ai aucune idée de qui vous êtes car les copies sont anonymes et identifiées par un numéro. Je sais seulement que vous êtes disqualifié !”

A ces mots, l’étudiant enfouit sa copie au milieu du tas encore en désordre sur le bureau et prend ses jambes à son cou !

Chabbat Chalom