S’associer à une Mitsva
Après le Déluge, D.ieu donne à Noé la tâche de reconstruire le monde. Il commence par planter une vigne puis, après avoir bu plus que de raison, se dénude dans sa tente (9:20-21). Son fils ‘Ham le surprend et en fait des gorges chaudes. Aussitôt, un autre de ses fils, Chem, prend une couverture et, respectueusement s’approche à reculons sans le regarder. Son frère Japhet s’associe à lui, et tous deux recouvrent leur père (9:23 avec Rachi).
Pourquoi Japhet s’est-il précipité pour aider son frère ? Une couverture n’est pas bien lourde et Chem n’aurait eu aucun mal à couvrir seul son père.
Japhet était conscient de l’importance d’une Mitsva, et voulait s’associer à l’acte méritoire de son frère. En conséquence, son père le bénira aussi : (9:27 : « Que D.ieu aggrandisse Japhet… »). Selon notre tradition, Il méritera de devenir l’ancêtre des peuples qui domineront le monde occidental !
De cet épisode, nos sages enseignent que chaque geste compte et sera récompensé. Beaucoup ne peuvent pas construire eux-mêmes une synagogue ou écrire un Sefer Torah, mais, en contribuant à la construction ou en offrant une lettre du Sefer Torah, ils deviennent partie intégrante du projet et en tirent un grand mérite. De la même manière, faire l’effort de venir à un office ou à un cours montre notre respect pour la Torah et notre désir d’élévation spirituelle, même si on ne comprend pas tout.
Une histoire vraie
Un nouvel immigré russe en Israël venait tous les soirs à un cours de Torah ; il ne comprenait manifestement rien, et finissait généralement par s’endormir.
Lorsque le rabbin lui suggéra gentiment de rester chez lui, il expliqua : « Un soir, alors que je dînais dans un restaurant à Moscou, le KGB rafla tous les clients. Je fus longuement interrogé, sans savoir quoi avouer ! Je fus finalement condamné à 10 ans de goulag à l’issue desquelles j’eus la chance de pouvoir émigrer en Israël. »
« Pendant ma captivité, j’appris que ce restaurant était un repère de conspirateurs contre le régime. Je compris alors qu’on s’associe, parfois malgré nous, aux gens que l’on côtoie. »
« Je n’ai pas beaucoup étudié au cours de ma vie, et, après ma mort, il est possible qu’on me refuse l’entrée au Paradis. Je répondrai alors que, comme j’ai été emprisonné pour m’être simplement trouvé assis aux côtés de conspirateurs, je devrais accompagner au Paradis les érudits aux côtés desquels j’étais assis pendant vos cours. »
Le rabbin, impressionné par la leçon qu’il venait de recevoir de cet « ignorant », ne renouvela plus sa suggestion !