La Soucca et le juif errant
Le Talmud (Soucca 11b) discute la raison pour laquelle nous devons résider dans une Soucca pendant les sept jours de la fête de Souccot. Rabbi Eliezer pense que la Soucca doit nous rappeller les nuées divines qui entouraient le camp des Hébreux pour le protéger des dangers du désert – chaleur et froid, scorpions, bêtes sauvages, ennemis divers – et le guider. Rabbi Akiva, par contre, pense que les Hébreux ont effectivement résidé dans des Souccot (des cabanes), et c’est ce que nous commémorons pendant la fête – ce qui n’exclut pas que le camp était effectivement protégé par des nuées divines.
Rav Jonathan Sacks z’l, développant l’avis de Rabbi Akiva, pense que les Souccot qui ont abrité les Hébreux pendant leur errance dans le désert symbolisent la mobilité dont les juifs ont fait preuve à travers les âges, passant d’un domicile temporaire à un autre au gré des persécutions. Dans des conditions incertaines et souvent dangereuses, convaincus que leurs vies étaient entre les mains de D.ieu, ils ont toujours su garder leur vitalité et leur optimisme et créer des communautés florissantes. Souccot est justement appelé « le temps de notre joie » pour nous rappeler que la foi doit nous donner la capacité de nous réjouir même dans l’incertitude et le changement.
Une histoire
David a fui l’Allemagne en 1936 pour s’installer à Paris. Ses parents avaient fui les pogroms d’Europe de l’Est au début du siècle pour s’installer en Allemagne. En 1939, face aux menaces qui s’accumulent, il sent qu’il doit quitter l’Europe pour s’installer à un endroit où les juifs sont en sécurité.
Il entre dans une agence de voyage. Une jeune fille derrière le comptoir demande ce qu’elle peut faire pour lui.
« Je voudrais un billet pour partir en bateau, Mademoiselle. »
« Vers où, Monsieur ? » demande la jeune fille. Vers où ? Il n’y avait même pas réfléchi.
« Un billet », dit-il. « Je ne sais pas. Vous n’auriez pas une idée où je pourrai aller ? »
Sur le comptoir se trouve un globe. La jeune fille le lui tend et dit: « Regardez un peu les pays du globe et quand vous vous serez décidé vous me direz. »
David regarde le globe. Il le fait tourner lentement en le regardant attentivement et en le touchant du doigt de temps à autres. Après un quart d’heure, il s’arrête ; il appelle la jeune fille et lui dit d’un ton décidé: « Mademoiselle, trouvez-moi un autre globe s’il vous plaît. »
Chabbat Chalom & ‘Hag Samea’h !