Le mot du Rabbin : Paracha Matot Massé

Guerre et paix prière

Sur ordre divin, les Hébreux partent en guerre contre Midian (31:4-5) : Mille par tribu, mille par tribu, pour toutes les tribus d’Israël vous enverrez au combat. On recruta donc, parmi les familles d’Israël, mille par tribu, douze mille hommes armés pour le combat. »

A première lecture, 12.000 hommes partaient au combat. Selon le Midrach, le corps expéditionnaire comptait en fait 3.000 hommes par tribu, correspondant à la triple répétition de l’expression « mille par tribu », soit un total de 36.000 hommes. Pour chaque tribu, seuls 1.000 hommes partaient effectivement au combat (comme indiqué au verset 5 : « 12.000 hommes armés pour le combat ») ; 1.000 hommes assuraient la logistique, et 1.000 hommes priaient pour la victoire. Ainsi, chaque combattant était soutenu spirituellement par un homme en prière.

La Torah ne sous-estime pas les dangers qui guettent les soldats sur le champ de bataille et considère qu’un fort soutien spirituel est indispensable. Cette tradition s’est perpétuée et, dans les guerres d’Israël, les élèves des Yeshivot (institut d’étude talmudique) ont toujours été mobilisés jour et nuit afin de prier pour l’intégrité physique et spirituelle des soldats qui partaient au combat.

Une histoire vraie

Dans son livre « The New ‘Haredim », David Zolman révèle qu’en juin 1981, le chef du cabinet de Mena’hem Begin – Premier Ministre d’Israël à l’époque – alla voir en secret le Rav Chakh z’l’, leader spirituel et dirigeant de la prestigieuse Yeshiva de Poniovitch.

Il lui confia qu’Israël se préparait à bombarder le réacteur atomique Osirak en Irak, et que le Premier Ministre voulait la bénédiction du Rav pour cette opération très dangereuse : les avions survoleraient des états ennemis et avaient de grandes chances de se faire abattre, et, même en cas de succès, elle pouvait déclencher une crise diplomatique majeure.

Quand Rav Chakh apprit que les avions devaient décoller la veille de Chavouot, le 7 juin 1981, à 13h, il n’accepta de donner sa bénédiction que si l’heure du décollage était repoussée à 16h. Après consultation du chef d’état-major, ce changement fut accepté, et l’opération fut un grand succès.

Plus tard, des rumeurs de cette rencontre filtrèrent et Rav Chakh expliqua le changement d’horaire : la veille de Chavouot, les élèves se reposent en début d’après-midi en vue de la nuit d’étude, puis ils reviennent à 16h pour commencer leur cycle d’étude (le Rav avait spécialement demandé de rajouter une prière « pour nos frères en danger » sans plus de précision). Comme le succès d’une telle opération militaire demandait que tous les élèves sans exception soient plongés dans l’étude de la Torah, elle ne pouvait pas être lancée avant 16h !