Le mot du Rabbin : Paracha Balak

L’entêtement

Le prophète Bilam a été embauché par le roi de Moav pour maudire les Hébreux. Malgré les différents avertissements qui lui ont été adressés par D.ieu (rêve, ange, ânesse parlante), Bilam s’entête à poursuivre sa mission qui se conclura par un échec total puisqu’il bénira les Hébreux au lieu de les maudire.

Cet entêtement n’est pas nouveau, parmi les trois conseillers de Pharaon, Bilam était celui qui le poussait à rejeter la demande de Moïse, malgré la succession des plaies dévastatrices qui frappait l’Egypte.

Selon Rav Frand, le fait que le récit de Bilam soit constitué d’un seul paragraphe, sans une seule pause (Paracha « Stouma »), symbolise l’aveuglement de Bilam qui avançait sans tenir compte des avertissements qui lui étaient adressés.

Bilam est une caricature, mais beaucoup de personnes avancent dans la vie avec un entêtement et des certitudes qui mériteraient d’être remis en cause. Le Talmud (Chabbat 113b) enseigne que faire de trop grands pas affaiblit la vue de l’homme, mais que la vision est rétablie en buvant le vin du Kiddoush du vendredi soir. Les grands pas, c’est le symbole d’une course effrénée, sans prendre le temps de réfléchir et d’écouter ; le Kiddoush c’est le repos du Chabbat qui permet de se poser et de réfléchir.

Comme tous les traits de caractère, l’entêtement peut être une grande qualité s’il est au service d’une bonne cause. Lorsque Moïse a plaidé pour les Hébreux après la faute du veau d’or, il a demandé à D.ieu de les pardonner « car c’est un peuple à la nuque raide » (Chemot 34:9) : Ce défaut, qui a conduit le peuple à se rebeller, sera un jour sa plus grande qualité : il mettra du temps à construire sa foi, mais il n’y renoncera jamais.

Une histoire

France – 1941. Pour se conformer aux nouvelles lois antisémites, une compagnie d’assurance ordonne à ses directeurs d’agence de licencier leurs employés juifs.

Un des directeurs est embêté car son meilleur vendeur est juif. Il le convoque : « Ecoute David, je connais bien le curé, va le voir, il te baptisera et tu pourras rester travailler. »

David est sceptique : « Bon, je veux bien le rencontrer, mais je ne vous promets rien. »

Le directeur fait venir le curé qui rentre dans le bureau de David ; au bout de deux heures, le directeur le voit sortir, un sourire aux lèvres. Il se précipite dans le bureau de David : « Ca y est ? Tu es baptisé ? »

Et David : « Baptisé, moi ?! Jamais de la vie ! Mais le curé est assuré. »

Chabbat Chalom