Kora’h – Un maître communicant
A une époque où beaucoup de politiciens n’ont rien à envier aux acteurs professionnels, et où les grandes réunions politiques sont parfois de véritables spectacles d’opéra, le personnage de Kora’h est d’une étonnante modernité.
Alors que Moïse était bègue (Exode 4:10) – ce qui n’est pas la première des qualités pour un homme politique – Kora’h put rallier de nombreux soutiens grâce à son éloquence, et un art de la manipulation et de la mise en scène qui sont décrits par le Midrach.
Kora’h était jaloux de Moïse (il voulait devenir « calife à la place du calife »), et sa stratégie, comme tout bon démagogue, était d’une part de tourner les lois de Moïse en dérision, court-circuitant ainsi les arguments logiques qu’on pouvait lui opposer, et d’autre part de jouer sur les frustrations des uns et des autres en promettant à chacun ce qu’il voulait entendre.
Par exemple, pour ridiculiser l’obligation de placer un fil bleu azur sur son vêtement (Tsitsit), il habilla ses supporters en vêtements bleu azur et demanda à Moïse s’ils avaient besoin de Tsitsit. La réponse était évidemment oui, mais la mise en scène semblait prouver que c’était superflu. De même, il demanda si une maison pleine de livres saints avait besoin d’une Mézouza (qui est un extrait d’un livre saint.)
Ensuite, il inventa l’histoire d’une pauvre veuve réduite à la mendicité par l’application stricte de différentes lois instituées par Moïse. Kora’h voulait ainsi discréditer ces lois qui stipulaient certaines limitations (comme l’interdiction de mélanger des semences d’espèces différentes), ou instituaient des obligations comme les prélèvements et les dîmes qui n’étaient pas du goût de tout le monde.
Mr Kora’h aurait été tout à fait à sa place dans le monde politique du 21ème siècle.
Une histoire
Lors d’une campagne électorale, un candidat a organisé une réunion dans un petit village éloigné de tout. Il demande aux participants de lui exposer leurs principaux problèmes.
Des voix se lèvent à l’unisson pour stigmatiser le manque de médecin ; pour se faire soigner, les villageois doivent se rendre à la ville voisine.
Immédiatement, le candidat sort son téléphone mobile, fait savoir qu’il appelle son ami, le ministre de la santé, débite quelques phrases d’un ton autoritaire, raccroche, et annonce : « Le problème sera réglé d’ici quelques jours ! Vous avez autre chose ? »
« Oui », déclare le maire du village, goguenard : « Notre village est dans une cuvette, et il n’a accès à aucun réseau pour les téléphones mobiles. »