On trouve dans la Paracha deux versets qui semblent redondants : (25:14) : « Si tu fais une
vente à ton prochain, ou si tu acquiers de sa main quelque chose, ne vous lésez point l’un l’autre » et (25:17) : Ne vous lésez point l’un l’autre, et tu craindras ton D.ieu!… »
La répétition de l’injonction « ne vous lésez pas l’un l’autre » a interpelé nos commentateurs.
Selon le Talmud (Baba Metsia 58b), ces deux versets font référence à deux types de préjudice : le premier (25:14) nous enjoint d’être honnêtes en affaires, comme cela ressort clairement du sens du verset. Il s’agit des malversations, mensonges, promesses non tenues,… qu’on peut rencontrer dans la vie des affaires, mais également de comportements plus subtils. Il est par exemple interdit, dans un magasin, de demander le prix d’un objet qu’on est certain de ne pas acheter.
Le second (25:17) se réfère aux dommages verbaux. Le Talmud donne plusieurs exemples de discours à proscrire lorsqu’on s’adresse à un repenti ou à un converti – rappeler leur passé – et à quelqu’un frappé de souffrances, de maladie ou qui a perdu ses enfants – justifier leurs souffrances. Donner un faux renseignement est également considéré un dommage verbal.
Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le Talmud considère que les dommages verbaux sont plus graves que les dommages financiers : d’une part, le verset les concernant rajoute l’expression « et tu craindras ton D.ieu » pour renforcer la gravité de l’interdiction, et d’autre part les dommages
financiers ne touchent que les biens de la personne et peuvent faire l’objet d’une réparation, alors que les dommages verbaux touchent son bien-être émotionnel, et peuvent causer des traumatismes irréversibles chez des sujets sensibles.
Le Talmud insiste particulièrement sur l’interdiction de faire honte à quelqu’un en public, comportement assimilé à verser le sang de son prochain : lorsqu’une personne rougit le sang envahit son visage, puis se retire.