Le mot de Rabbin : Paracha Emor

Vivre l’instant

Nous sommes au milieu de la période de l’« Omer ».  L’Omer était une offrande d’orge qui était apportée le lendemain de Pessah au Temple de Jérusalem. Elle a donné son nom à la Mitsva de compter chacun des 49 jours séparant Pessah de Chavouot : (23:15) : « Vous compterez pour vous, depuis le lendemain de la fête, depuis le jour où vous aurez offert l’Omer…, sept semaines… »

Cette Mitsva, en apparence très simple, est éminemment symbolique : après notre libération physique, la sortie d’Égypte à Pessah, nous devons immédiatement travailler afin de pouvoir recevoir la Torah à Chavouot, notre libération spirituelle.

Cette période de l’Omer symbolise donc le processus de construction spirituelle allant de la sortie d’Egypte jusqu’au au don de la Torah. Compter chaque jour nous apprend que ce processus demande du temps ; plus généralement, tout accomplissement, qu’il soit personnel ou collectif, spirituel ou matériel, doit se faire par étape, en se fixant des objectifs réalistes pour que nos efforts ne soient pas un feu de paille. La régularité et la persévérance sont essentielles pour toute réalisation d’envergure : Rome ne s’est pas faite en un jour (ni Jérusalem d’ailleurs). L’Omer nous rappelle ainsi l’importance de nous fixer des objectifs au jour le jour. La formulation du verset : « Vous compterez pour vous… » est une allusion au travail personnel demandé à chacun.

Chaque jour correspond à un travail bien spécifique ; les kabbalistes accompagnent le compte de l’Omer d’intentions et de réflexions particulières à chaque journée.

Nombreux sont ceux qui dépensent beaucoup d’énergie et de temps à regretter le passé, et/ou à se noyer dans l’incertitude de l’avenir. L’Omer nous apprend à nous concentrer sur le présent, en sachant utilisant le passé comme source d’expérience, et le futur comme ligne d’horizon de nos objectifs à long terme.

Une journaliste américaine interrogeait la Rabbanite Esther Jungreis, rescapée de la Shoah et qui avait eu une vie particulièrement riche et intense. Elle lui demandait : « Quel a été le moment le plus intense de votre vie ? ». Et la Rabbanite de répondre « Maintenant ! »