Le mot du Rabbin : Paracha Ki-Tissa

Le texte de notre paracha (Exode XXXVIII,8) nous dit: « il (Betsalel l’architecte du Tabernacle) fit le bassin et son support en airain, en utilisant les miroirs des femmes qui s’étaient attroupées à la porte de la tente d’assignation. »

Lorsque les épouses virent leurs maris apporter moult trésors pour servir à la construction du Tabernacle, explique le Midrash, elles décidèrent d’offrir elles aussi un cadeau qui leur semblait particulièrement précieux : leur miroir de cuivre poli. Moché leur en fit le reproche : ces objets de coquetterie, de vanité puisque la beauté est passagère, d’égoïsme même car le miroir reflète notre propre image, ne pouvaient convenir au sanctuaire, lieu privilégié de la rencontre de D.ieu et des hommes. C’est alors que D.ieu intervint lui-même pour demander à Moché d’accepter l’offrande des femmes d’Israël. C’est avec leurs miroirs de cuivre poli qu’on fabriquera la cuve du sanctuaire qui permettra aux Cohanim de se purifier, de servir en état de sainteté. Ainsi qu’il est dit :  » Aaron et ses fils y laverons leurs mains et leurs pieds. » (Exode XXX, 19).

Le Midrash explique l’historique de ces miroirs. Quand les Hébreux étaient asservis en Egypte, brisés par un travail inhumain, le Pharaon projeta déjà de réaliser la  » solution finale » du peuple par son extinction naturelle.  Il leur interdit, la nuit tombée, de regagner leurs foyers.

C’est alors que les épouses d’Israël redonnèrent à leurs maris raison et joie de vivre. Elles allaient aux puits pêcher du poisson et grâce au produit de leur pêche, elles se fournissaient en vin et autres nourritures qu’elles apportaient dans les champs où leurs maris accomplissaient leur dur labeur. Usant de coquetterie, elles faisaient alors refléter dans les miroirs leur visage et celui de leur époux. Les esclaves retrouvaient alors la force de sourire et d’aimer.

C’est dans ces pénibles conditions que le peuple d’Israël naquit et grandit.

Dans ce Midrash apparaît la conception de l’amour selon la Torah. Bien loin de certains tabous, parce que ces miroirs étaient imprégnés du sourire des hommes et des femmes d’Israël, heureux et aimant, ils trouvèrent tout naturellement leur place dans le sanctuaire de D.ieu et procuraient aux Cohanim la sainteté.

En conclusion, il existe deux domaines distincts : le matériel et le spirituel. Le but de l’Homme consiste en quelque sorte à utiliser le premier pour tendre vers le second.