Le mot du Rabbin : Paracha Bo

Et hachem parla à Moché et Aaron, au pays d’Égypte, en ces termes : « Ce mois ci sera pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année. » ( Exode XII, 1 et 2)

C’est par cette prescription, concernant la structure du calendrier hébraïque à partir de l’événement de la sortie d’Égypte, que débute la Torah considérée comme code des mitsvot, ensemble des commandements de la loi de Moché.

L’habitude de designer l’ensemble du Pentateuque par le terme de « Torah », nous empêche de découvrir la principale question qui s’est posée aux maîtres de la tradition juive. Le texte du Pentateuque, désigné en hébreu par l’expression Hamicha Houmché Torah (les « cinq cinquième de la Torah) , comporte des ensembles radicalement différents. Il s’agit, en premier lieu, d’un récit historique qui va de la création du monde jusqu’à l’événement de la sortie d’Égypte. En second lieu seulement, sont données les lois révélées à la génération d’Israël qui fut dirigée par Moché jusqu’à l’entrée au pays de Canaan. Ces lois sont insérées dans le récit de la marche des quarante ans au désert.

Or, récit historique et code de lois sont deux genres bien distincts. On aurait donc pu s’attendre plus naturellement à l’existence de deux livres différents. L’un, d’ordre purement législatif et le second qui aurait pris place en tête des livres historiques comme le livre de Josué ou des Rois. Comment comprendre cette unité paradoxale de deux sujets apparemment indépendants l’un de l’autre, dans un même ensemble de textes ? Il y a, à cela une raison importante. La révélation tient à nous faire savoir qui est Israël et à qui cette Torah sera prescrite, avant de formuler la loi à proprement parler. Il faut donc mettre en évidence le fait que le récit historique (appelé «miqra»)est lui même Torah. Les lois, les mitsvot, ne sont qu’une des dimensions de la révélation donnée aux prophètes d’Israël. La prophétie hébraïque est d’abord dévoilement du sens de l’histoire selon le Créateur, et c’est en cela que le miqra est nommé Torah.