Le mot du Rabbin : Paracha Vayigach

La section de Vayigach décrit la fameuse rencontre entre Joseph et Benjamin:

« Et Joseph tomba sur le cou de son frère Benjamin et il pleura. Et Benjamin pleura sur son cou. » Pourquoi pleurent-ils ? Le Talmud indique que chacun a pleuré pour les futurs sanctuaires qui allaient être érigés et détruits dans le territoire de son frère : Benjamin pleura sur ceux de Joseph et celui-ci pleura sur ceux de son frère. La question qu’il convient de se poser c’est pourquoi Joseph se lamenta-t-il sur le sort des temples propres au territoire de Benjamin plutôt que sur la destruction de ceux de son propre territoire et vice-versa ?

La destruction des sanctuaires est une chose très douloureuse pour le peuple juif. Lorsque Joseph vit que les temples du territoire de Benjamin allaient être détruits, il s’effondra en larmes, de même qu’au moment où Benjamin vit que les sanctuaires de Joseph allaient disparaître il pleura.

Lorsqu’un individu pleure, c’est généralement pour se soulager. Il est clair que les pleurs ne changent en rien une situation difficile, même si une crise de larmes peut soulager. Il est évident que si la personne est capable de résoudre le problème qui lui cause tant de peine, plutôt que de pleurer, elle s’extraira de sa situation difficile. Ne dit-on pas que « mieux vaut une action unique que des centaines de soupirs » ?

Quand un homme est témoin de l’effondrement spirituel de son prochain, de la chute d’un Temple, et chaque homme en est un pour D.ieu, il demeure alors un chagrin pour lui et il pleure. Puisqu’il est son prochain, il peut essayer de l’aider par ses encouragements et ses prières, même si en fin de compte la construction du temple spirituel de son prochain ne dépend que de ce dernier lui-même.

Quand un homme fait tout ce qu’il peut pour aider son prochain et qu’il observe que son état spirituel est toujours plus bas, il se met alors à pleurer pour lui. Toutefois, quand un homme voit que son propre « Temple » est dévasté, il ne peut se contenter de soupirer et de verser des larmes ; il doit se livrer d’emblée à la reconstruction par la repentance et par l’effort spirituel. Bien plus, pleurer peut parfois retarder la reconstruction de l’homme et son équilibre spirituel, car il se pourrait qu’il en vienne à penser que par les larmes il a déjà accompli quelque chose dans ce sens. C’est pourquoi Joseph et Benjamin pleurèrent, chacun sur la destruction des temples de l’autre, car pour ce qui concernait leurs propres sanctuaires, ils firent tout ce qu’ils purent pour les maintenir. Ils avaient choisi l’action pour eux et la consolation pour l’autre.